revision DE L’ENTITE NOSOLOGIQUE DE L’ANXIETE DE SEPARATION DU CHIEN et du chat

ECCE #2

Coordination de recherche : Xavier Fargetton
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Coordination de recherche : Xavier Fargetton

L’anxiété de séparation (AS) du chien est décrite comme une entité nosologique depuis plus de quarante ans. L’AS est un syndrome caractérisé par un faisceau de manifestations comportementales : vocalises, émissions d’urines, dégâts matériels, halètements, hyperexcitation au retour du maître, comportement associé de suivi du maître dans le lieu de vie, etc. Entre 20 et 30% des chiens sont susceptibles de développer une AS au cours de leur vie, certaines études mentionnent même qu’elle dépasserait 50% de la population canine. C’est le second motif d’abandons ou de placements par les propriétaires, juste après les problèmes d’agressivité. L’AS est aussi la raison de demandes d’euthanasie, plus de 500.000 euthanasies liées à l’AS sont pratiquées aux Etats-Unis chaque année. Les projections de croissance du marché des produits pour le traitement de l’AS représentent plus de 5% par an, voire plus de 7% dans certains pays comme la Chine.

L’histoire de la médecine montre que les entités nosologiques varient en fonction des contextes culturels et évoluent avec le développement du corpus des connaissances.

Tia Meneses et al ont publié dans le JAVMA de novembre 2021 un article de revue bibliographique des recherches portant sur les facteurs épidémiologiques, pathologiques, génétiques et épigénétiques qui pourraient contribuer au développement de l’approche de l’AS. L’analyse a porté sur 59 articles publiés entre 1993 et 2021. Des 26 facteurs putatifs examinés, 11 facteurs (parmi lesquels les gâteries faites aux animaux, l’âge, le sexe, le nombre de personnes dans le foyer, la présence d’autres animaux domestiques ou l’ennui) n’ont montré aucune corrélation avec l’AS ; 8 facteurs (comme l’origine de l’animal, l’augmentation d’exercice ou certains polymorphismes au sein de lignées génétiques) ont pu révéler une faible corrélation avec l’AS ; enfin, une forte corrélation a été mise en évidence pour 7 facteurs putatifs dont les biais cognitifs des animaux, le style d’attachement des propriétaires à leur animal et l’hyperattachement du chien à son propriétaire. Cependant le type de corrélations négatives démontrées pour les deux derniers facteurs semblent invalider les hypothèses sur l’étiologie de l’AS qui ont sous-tendu le développement de la recherche sur l’AS depuis de longues années, comme l’hypothèse que le renforcement des attachements entre le chien et son propriétaire augmenterait le risque d’apparition de l’AS. A contrario, la revue de Tia Meneses et al rapporte que plus l’attachement du chien à son propriétaire est fort, plus le risque d’AS est réduit ; et inversement moins l’attachement du propriétaire pour son animal est prononcé plus le risque d’AS est augmenté.

L’hypothèse que Prométéa propose d’aborder dans cette ECCE est que les résultats contradictoires de la recherche scientifique sur l’AS reflètent un problème de méthodologie et une confusion dans la construction même de l’entité nosologique de l’AS. Les objectifs de cette recherche sont un essai de recomposition de l’entité nosologique en élaborant une identité « synthétique » de l’AS permettant d’identifier de nouvelles pratiques d’interventions et de nouveaux axes de recherche.

La méthodologie finale sera discutée et décidée par les membres de l’ECCE en tenant en compte les points suivants :

1. L’approche post-disciplinaire de Prométéa sollicitera la diversité des angles de vues des parties prenantes de l’AS tout au long du flux de la recherche : l’animal comme un individu-patient, le chercheur au sens large, le vétérinaire praticien, le propriétaire et ses familiers et voisins, ceux qui définissent les règles éthiques et sociétales des rapports citoyens/animaux.

2. Les conséquences de la construction de l’entité nosologique de l’AS seront examinées.

3. Cette étude fera l’objet d’une approche conceptuelle qui devra permettre d’identifier les différents champs lexicaux de « l’anxiété » et les difficultés rencontrées dans l’usage de ce concept dans l’approche médicale et dans l’usage ordinaire.

4. Le corpus de connaissances sur l’AS produites par les sciences biomédicales et pharmaceutiques sera revu dans ses dimensions étiologiques, physiopathologiques, diagnostiques, préventives et thérapeutiques en parallèle avec une analyse critique de leurs méthodes de production.

5. La comparaison de l’entité nosologique AS du chien dans les différents types de médecine sera envisagée. Une comparaison avec l’approche des troubles anxieux humains comme définis dans le DSM sera bienvenue.

6. Les analyses des modalités de liens entre le propriétaire et le chien – dont le concept d’attachement – solliciteront les apports de la philosophie, de l’éthologie, de la psychologie et de la psychanalyse.

7. Les déterminants sociétaux qui interviennent dans la construction de l’entité nosologique de l’AS seront recherchés et analysés comme le style de vie des propriétaires, les motivations d’avoir un chien comme animal de compagnie, les seuils de tolérance vis-à-vis de l’altérité, les codes de déontologie, les cadres juridiques entre autres.

Le coordinateur de recherche de cet ECCE Prométéa est Xavier Fargetton, Docteur Vétérinaire de l’ENVL et Docteur en Toxicologie de l’Université Lyon I. Il a contribué à différents centres de recherches publiques et privés en France, aux Etats-Unis, en Belgique, en Écosse, en Algérie et en Colombie.

Afin de maintenir un travail de recherche de type collaboratif, le nombre de collaborateurs est limité a 10.

Le groupe de travail dispose d’un espace web de travail dédié qui offre les fonctionnalités de salle de réunion accessible à tous moments, d’enregistrement vidéo, d’un chat, de ressources spécifiques sur l’AS, d’un calendrier propre et d’un espace de co-production.

Le groupe définira son propre rythme de travail.

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